Lors de sa route des vins en 2010, Robert Moughanie, créateur de wineroutelibanon.com a fait une visite au Domaine Clos de Cana en octobre pour y rencontrer le propriétaire et faire un point sur l’offre de vins, faire des dégustations, en vue d’une commercialisation en France et en Europe. Petit retour en arrière.
La vallée Lamartine : sur les terres d’un poète français.
Le Domaine Clos de Cana été créé par Le Docteur Gergis, dentiste, qui voulait avoir une activité viticole dans le respect de l’attachement des villageois à leur terre. Dans ce but, il a créé une très belle structure surplombant la Vallée Lamartine. La vallée tient son nom du poète français Alphonse de Lamartine, qui fit un voyage en Moyen-Orient en 1832-1833, dont le Liban, l’Empire Ottoman de l’époque. Il fut très sensible au climat et à l’intérêt de cette région.
Déguster un Jardin secret, un voyage des sens.
En arrivant à Clos de Cana, l’accueil chaleureux du Dr Gergis, qui était très connu, m’a tout de suite mis à l’aise. On a commencé à parler des cuvées que j’aurais la possibilité de déguster. A un moment, il me dit : « J’ai quelque chose de spécial à vous faire déguster ». Et il me présente un vin à la robe pourpre. Il me dit : « Dégustez-le ! ». Quelle dégustation mémorable. J’ai trouvé dans ce vin une panoplie d’arômes très larges : cassis, thym, fruits-rouges, un peu de cannelle, avec une pointe de café. C’était sans fin. Et j’en ai eu la confirmation en bouche, la persistance (longueur aromatique) était unique.
Clos de Cana : l’audace de vinifier des vignes oubliées !
Tout ceci était nouveau ! Je n’avais jamais dégusté de vin comme celui-ci. Il me dit : « Savez-vous que j’ai découvert ces vignes par hasard ! Ce sont de vieilles vignes, à la base vendues comme étant du Cinsaut. A ce moment-là, je pars vérifier les ceps. J’en fais le tour et je constate qu’une partie des vignes n’étaient pas du Cinsaut. Par conséquent, je prends une grappe et fais le tour du village le plus proche. On me dit que c’est du Sabbaghieh, ce qui veut dire en libanais, « fort en couleur, capable de colorer autre chose ». C’est un cépage autochtone. Une trouvaille ! »
Il s’est mis à cultiver cette parcelle. Il a eu l’astuce de dédier une cuve à la macération du Sabbaghieh. C’était ce vin là que je dégustais. J’ai été marqué et je lui suggérais de le garder en mono cépage, et de lui donner un nom qui attise la curiosité des acheteurs. Après réflexion, nous l’avons nommé « Jardin secret » de Clos de Cana.
Un vin hors norme qui séduit les consommateurs.
Nous avons commencé la commercialisation de ce vin à partir de 2011-2012. Et nous avons constaté que les consommateurs lui ont reconnu de grandes qualités. Premièrement, une constante évolution lors des dégustations, au nez, à la vue, en bouche. En fait, il prenait sa place sur le marché, car sa qualité globale était bonne. Deuxièmement, le fait de pouvoir le boire seul, accompagné d’un cigare, ou bien avec un plat d’une belle complexité de palais. Et troisièmement, la vielle vigne du cépage Sabbaghieh donne plus de largeur d’arômes, plus de finesse et permet au vin de se garder davantage.
Petit à petit les amateurs et restaurateurs ont adopté « Jardin secret » et ont voulu le faire connaître. Ils ont organisé des tests à l’aveugle. Lors de ces tests, les grands amateurs étaient très surpris et désorientés par ce vin, se situant en dehors des normes du vin. Mais l’effet de surprise ne les empêchait pas d’acheter le vin !
Un vin qui vous oblige à être créatif !
Cette expérience m’a prouvé qu’il était intéressant économiquement pour le Liban de valoriser ses propres cépages. Pour le libanais, le vin devient un passeport pour parler de sa culture. Ce vin unique, qu’on ne trouve qu’au Liban, renforce la fierté de ce peuple. J’ai fait un autre constat : travailler avec ce vin me sortait de la routine. Cela a impliqué d’être créatif dans la façon d’aborder « Jardin secret ». Et être créatif c’est ce qui complète l’homme. « Jardin secret » a de quoi faire rêver , je vous conseille d’aller à sa rencontre sur notre boutique.