Robert Moughanie, négociant et grand spécialiste des vins libanais, créateur de wineroutelibanon.com, raconte le début de son éveil à l’amour des vins libanais, ses rencontres, ses plaisirs de dégustations avec de grands noms de l’œnologie.
Devenir sommelier de cœur grâce à l’amour des vins libanais.
« Jusqu’à l’âge de 35 ans, je ne me suis pas préoccupé des vins. Bref, je n’étais pas encore amoureux ! Etant dans les domaines de la cosmétique et de la parfumerie, ce domaine ne rentrait pas dans le cadre de mes activités. Ce qui était intéressant pour moi et que j’ai cultivé, se concentrait sur le développement de l‘olfaction, les parfums et l’esthétique. J’étais aussi dans un pays en guerre, il y avait d’autres préoccupations. Il a fallu attendre les années 1990 pour que je connaisse la nécessité de déguster les vins et savoir si un produit était bon ou pas.
La connaissance de l’humain est cruciale dans la connaissance du vin.
La première fois que j’ai été initié à ce milieu c’était avec Monsieur Serge Hochar en juillet 1991. Le créateur du Château Musar, décédé en janvier 2015. Ce grand monsieur dont le métier était le vin au niveau international m’a invité pour faire une dégustation dans son domaine, pour savoir si j’étais capable de travailler ses vins. Dans ses caves, nous avons fait une dégustation de Châteaux Musar prévue jusqu’aux années 1984. Tout était intéressant et nouveau pour moi.
On est arrivé à l’année 1977 de Château Musar que l’on a dégusté ensemble. Et il me dit : « Est-ce que vous sentez le goudron ? » J’ai fait des efforts, je sentais à gauche à droite, je n’y arrivais pas. Lui sentait bien le goudron. Et il prend mon verre et dit : « Je comprends pourquoi tu ne sens rien. Tu fumes ? » J’ai dit « oui ». En effet, je fumais des Gitanes sans filtres à l’époque… Et il ajoute : « Pas étonnant que tu ne le sentes pas ! ». J’ai apparemment réussi le test car Monsieur Hochar m’a confié par la suite la commercialisation de Château Musar en France.
Un honnête homme peut avoir des défauts !
J’ai rencontré auparavant d’autres personnalités du vin. Lors de mon premier contact en 1991 avec Monsieur Alain Favereau des magasins Nicolas, il m’a posé la question suivante : « Est-ce que vos vins sont bons ? » à la quelle je répondis : « J’ai trois défauts. .
Mon premier défaut : je ne connais rien dans les vins, mais je connais les prix, vous connaissez les vins. Donc vous allez me dire si les vins sont bons, et moi j’y associerai le bon prix. Le deuxième : Je suis Anglo saxon, donc je n’ai pas de notion du tutoiement. Alors si je fais cette erreur, veuillez m’en excuser à l’avance. Le troisième : Je viens d’une culture un peu différente, ainsi je peux vouloir faire un compliment et sortir tout autre chose ». Il m’a regardé dans les yeux et a dit : « Si vous êtes toujours comme ça avec moi, on va travailler ensemble longtemps ! » Et effectivement, on a travaillé côte à côte pendant de 21 ans. »
La suite dans notre deuxième volet, à suivre..