1 LA QUALITÉ
1.a Reconnaissance
Les valeurs uniques de l’agriculture réalisée par les Romains dans la vallée de la Bekaa est une preuve tangible de cette reconnaissance. Ils y ont construit l’un des plus gros temples de Bacchus en dehors de Rome. Un acte de remerciement envers les dieux pour la qualité du pavot et des raisins que cette terre leur a offert.
Depuis la construction de ce temple, des siècles sont passés, la phyloxera a détruit les vignes, les fondamentalistes religieux de l’Islam ont refusé la recultivation du vin. Cependant, tout au long des siècles, des persécutions, les monastères ont conservé cette tradition de la production du vin.
Au début du 19ème siècle, Napoléon est venu conquérir Haifa et il avait besoin de vin pour ses hommes. De ce fait, il se rendit au Mont Liban pour acheter son vin.
Au milieu du 19ème siècle les Ottomans ont eu peur d’être considérés comme responsables du massacre de deux prêtres Jésuites, pour se faire pardonner, ils offrirent une parcelle de la terre de la Bekaa à l’ordre Jésuite. Ils décidèrent de construire des vignes sur ces terres qui sont aujourd’hui connues sous le nom de Château Ksara.
En 1979, Michael Broadbent découvrit Château Musar au Bristol Wine Fair, décrivant le millésime 1967 comme la «découverte du Fair».
Depuis de nombreux millésimes ont connu une excellente reconnaissance. En 2000, Robert Parker a évalué le Compte de M 1996 de Château Ksara a 91/100.
Château St Thomas a récolté depuis 1998, cent huit médailles d’or à des concours mondiaux de vins, dix Citadelles du Vin et cinquante médailles d’argent.
Depuis 2012, de nombreux domaines au Liban ont été reconnus à travers différentes compétitions internationales comme le Challenge International, le Mondial du Merlot, Mondial
du Pinot Noir, Vinalies, Concours mondial de Bruxelles et Sélections Mondiales du Vin.
1.b Géographie
Le Liban est un petit pays de 10458 m² dont la nature géologique est très diverse. Il repose sur l’est de la Méditerranée et la pointe blanche de ses montagnes veille sur l’Europe. À 33°00’N de latitude et 35°50’E de longitude, le sommet le plus haut du mont Liban est à 3300 mètres d’altitude.
Les deux tiers du Liban sont montagneux et le mont Liban s’étend tout le long du centre de ses terres en séparant la Bekaa de la Méditerranée. La région de la Bekaa composée d’une plaine, d’un plateau et d’une vallée se trouve à 800 mètres au-dessus du niveau de la mer.
Elle est protégée par le désert Syrien par la chaîne de montagne de l’Anti Liban.
La position du Liban sur la Terre offre à ses terres neuf mois de soleil. La majorité des vignes libanaises sont plantées dans la région de la Bekaa. Batroun, Jezzin et Chouf sont trois autres régions productrices de vins qui se développent rapidement.
Bien que la structure du sol du Mont Liban est composée de calcaire, surmonté par l’argile ou la glaise, occasionnellement accompagnée des pierres ou du gravier et à quelques endroits riches en terre rouge dans les quatre régions, les variations climatiques offrent une diversité intéressante dans chaque région.
La diversité et le Liban sont synonymes. Cette diversité est géographique, culturelle et politique. Savez-vous qu’il est possible de skier sur les montagnes et de se baigner dans la mer au cours de la même journée au Liban? Sur le plan culturel, c’est un pays avec une constitution unique basée sur le fédéralisme personnel où l’État a le devoir de défendre les choix religieux de chacun. Concernant la politique, je vous propose de lire quatre journaux locaux de quatre partis politiques différents. Si vous vous en sortez sans mal de tête, je serai ravi de partager une bouteille de vin avec vous.
La diversité et la complexité de la géographie et de culture Libanaise se reflètent dans ses vins.
1.c Qu’est-ce qui rend les vins libanais exceptionnels?
c.i Le sol
Est ou Ouest du Mont Liban, Bekaa ou mer méditerranée, pentes ou mont Liban, anti Liban ou vallée.
L’humidité du sol diffère entre chaque parcelle et évolue au cours de l’année tout comme l’exposition au soleil. Due à la topographie de la terre, les seules parcelles qui peuvent offrir une taille suffisante en altitude pour donner une abondante récolte se trouvent dans la vallée de la Bekaa. Elles offrent une unité aux caractéristiques des vins. D’autre part, les vignes plantées sur les pentes ou en montagne offrent des parcelles plus restreintes et une exposition à l’humidité plus complexe. En général on y retrouve aussi la nature et le soleil.
Bien que le domaine moyen libanais soit trois fois plus grand en taille que le domaine moyen
en France, la variété de l’exposition des domaines du Liban offre un vin intéressant à
comparer pour les experts.
c.ii Le climat
L’altitude à laquelle les vignes sont plantées est un facteur climatique déterminant. Une position unique qui fait que les vins âgés sont frais. Une fraîcheur qui est aussi surprenante pour des vins qui connaissent une exposition au soleil plutôt riche. La régularité des quatre saisons est à l’origine d’une maturité équilibrée du fruit.
c.iii Le fruit
Les vignes et leur exposition au vent, au soleil, à la pluie et à la neige, la distance entre les vignes et leur taille déterminent le potentiel et la qualité des vignes.
L’excellence est une caractéristique des producteurs de vins libanais. En l’absence de gouvernement et en pleine guerre civile, Serge Hochar insista malgré toutes ses difficultés, pour offrir le meilleur vin que les vignes libanaises qu’il cultivait pouvaient offrir. Il y est parvenu et il a défini un haut niveau de standard pour les générations à venir.
L’impact du sol, le climat et les vignes cultivées offrent le fruit, le raisin.
En 2004 à Prowein, un salon du vin à Düsseldorf en Allemagne, deux proéminents producteurs de vin français échangeaient à propos du Cinsault. J’ai prêté attention à leurs propos et j’ai entendu le producteur de Chateauneuf du Pape dire au producteur du Languedoc Roussillon «Si tu n’as pas croqué du Cinsault du Liban, tu ne peux pas connaître le potentiel du Cinsault».
c.iv L’humain
Le caractère du vin et le producteur. L’assemblage du vin est un art et une science, les préférences du producteur peuvent déterminer d’année en année, à travers l’assemblage du vin, certaines caractéristiques récurrentes. Parlons du goût de Château Musar, un goût unique pas seulement parmi les vins libanais mais à travers le monde. Le rosé sunset de Ksara, depuis la prise de contrôle de James Palge, viticulteur chez Ksara, sur le processus de fabrication, a sa propre personnalité. Clair, frais, frivole et aromatique avec le secret de James.
Le domaine familial de Château St Thomas, offre depuis 1998 un vin rouge les Emirs. Ils ont réussi à proposer depuis 2010 d’années en années un vin puissant et ample, subtil et élégant.
Consultez notre article sur la classification des vins libanais. Ils sont tous de bonne qualité, même si chaque bouteille de vin vous offrira différentes saveurs.
c.v Les variétés de cépages libanais
Le Liban a une petite place pour la culture des cépages libanais. Plus de 90% de cet espace est dédié à la culture des cépages internationaux connus de tous.
Moins de 10% sont des cépages autochtones libanais.
Obeidi, Merwah et Messassi sont des variétés de cépages blancs libanais.
Vous pouvez trouver un assemblage d’Obeidi et de Merwah dans le Château Musar blanc et depuis 2013 Château St Thomas produit un Obeidi monocépage. Batroun Mountains
assemble sept cépages dont trois cépages libanais et quatre cépages d’origine française pour donner le Seven White.
En 2008, Dr. Gerges de Clos de Cana, a commencé à travailler un ancien cépage rouge qui était nouveau pour lui. Il a vinifié cette parcelle séparément après avoir identifié cette vigne comme du Sabaghiyeh, un cépage du Liban. Ce vin est connu sous le nom de Jardin Secret.
L’intérêt des professionnels du vin pour les cépages rares devient de plus en plus fort. Bien que leur goût puisse être difficile à comparer avec les cépages reconnus à l’international, l’appréciation internationale augmente. Pour vous en rendre compte, je vous invite à lire l’article paru dans le journal Le Monde à propos du Obeidy St Thomas.
(https://www.lemonde.fr/vins/article/2015/06/12/wine-mosaic-au-secours-des-cepages-oublies_4653284_3527806.html)
c.vi Le moment
Les photographies et termes que nous utilisons sur notre site wineroutelebanon.com cherche à transmettre ce que nous voulons dire par « moment ». Vous êtes invités à voyager par le goût en commençant par découvrir puis en se laissant aller pour atteindre un moment d’extase.
Plus vous prenez le temps d’apprécier votre vin, plus vous devrez lui donner le temps de s’exprimer. C’est un exercice amusant de laisser le temps au vin de s’exprimer puisque votre première gorgée ne sera pas comme votre dernière et votre deuxième verre ne sera pas comme le premier. Ne vous inquiétez pas, vous pouvez apprécier votre moment.
2. L’ÉCONOMIE
a. L’offre, la capacité de production
Le Liban produit 8 000 000 litres de vin par an tout domaine confondu.
Le plus grand producteur de vin libanais est Ksara avec une capacité de 2 500 000 bouteilles et suivi par Château Kefraya avec une estimation qui atteint les 1 500 000 bouteilles. Le troisième est Château Musar avec 750 000 bouteilles puis Château St Thomas avec 450 000 bouteilles. Ces quatre domaines représentent près de 60% de la production du Liban et trente-cinq autres domaines produisent le reste.
La majorité des vignobles ont été créés depuis 1998. Les nouveaux arrivants développent de nouvelles idées.
Ixsir possède la cave à vin la plus moderne dans le monde et le fait d’avoir Carlos Ghosn parmi ses partenaires permet d’avoir de sérieuses opportunités sur différents marchés pour le domaine.
Batroun Mountains est arrivé sur le marché avec un vin aux diverses subtilités et une différence importante. Tous ses vins viennent de la région de Batroun. Cela signifie, contrairement à la majorité des vins libanais, que ses vignes sont caressées par l’air marin, leur donnant une saveur iodée qui fera de ce vin un excellent partenaire pour un poisson ou un plateau de fruits de mer. À l’image des montagnes de Batroun, le vin dégage une fraîcheur inattendue.
Chaque vin retient une histoire, de belles nuits blanches, un lever et un coucher, une histoire d’amour entre un vigneron et ses terres. Le vigneron libanais n’est pas différent et ceux que je connais apprécient chacun de ces moments. On remarque un véritable effort pour planter de nouvelles vignes puisque la culture du vin a doublé depuis les sept dernières années.
L’offre du vin n’est pas limitée aux vins rouges et même s’ils représentent 60% de la production totale, d’agréables vins rosés sont disponibles tout comme une belle panoplie de vins blancs.
3. LA DEMANDE
Comme nous l’avons énoncé, la demande pour les vins libanais a pris différentes formes au cours de l’histoire.
Il est indéniable qu’au cours du 20ème siècle, la renaissance de la demande des vins libanais dans le monde a débuté grâce à Serge Hochar et au Château Musar au milieu des années 70. Son exceptionnel talent, couplé à sa persévérance, sa passion et à son bon sens ont fait un trésor et une image de classe mondiale. De nombreux experts ont visité Château Musar pendant la guerre pour voir les extraordinaires caves du Château Musar et pour rencontrer l’homme qui se trouvait derrière.
Après la fin de la guerre au Liban en 1990, des professionnels internationaux du vin ont commencé à visiter le Liban.
En 1993, deux experts de Nicolas, Michel Foucault et Alain Favereau, ont visité Château Kefraya et ses vignes. En 1994, Nicolas a référencé quatre vins du Château Kefraya et a fait la promotion du vin Le Nouveau de Kefraya pendant trois semaines de novembre dans ses quatre cents points de vente.
Il était évident en 1991 que Chateau Musar était capable de créer une demande sur le marché international principal. En 1993, Château Kefraya, a été rapide pour créer une demande à travers la diaspora libanaise en France. En parallèle, avec les nouveaux marchands de vins français conquis, Kefraya a été capable de passer du succès de la diaspora au succès du français conventionnel pour tirer des bénéfices des deux partis.
Château Ksara a débuté un remaniement majeur de sa qualité et de son image en 1995. Ils ont alors commencé à se reconstruire en 2005 et depuis ils continuent à se distinguer.
La participation à des salons internationaux a commencé régulièrement en 1975. Vinexpo, ProWein, VinItaly and the London Wine Trade Faire sont devenues des destinations régulières.
En 1998, les nouveaux vignobles ont commencé à apparaître pour profiter du marché existant. Des indicateurs tels que la stabilité des prix montrent qu’aucune découverte majeure n’est apparue parmi la demande. Sur les marchés principaux, cette introduction de nouveaux vignobles oblige le connaisseur de la diaspora, tout comme le connaisseur conventionnel, à respecter l’étiquette avant de juger le vin.
Cet exercice de recherche de la qualité du vin avant de regarder l’étiquette permet aux nouveaux arrivants d’avoir leur chance.
Si vous avez lu cet article jusqu’à la fin, je vous suggère de sélectionner trois vins ou plus de la même catégorie issus de trois vignobles. Choisissez un moment agréable avec des amis, dégustez les à l’aveugle et exprimez-vous chacun à votre tour pour chaque vin. Vous serez surpris et par conséquent vos invités aussi !
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